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1 :: 12:02 :: 21/12/08 :: copainsdac
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Noël arrive, Sommes nous prêts dans nos cœurs à mieux l'accueillir…




Autrefois, le jour de la Nativité était une grande fête, dans les foyers, au fin fond des campagnes, même les plus pauvres, préparaient avec beaucoup d'Amour mêlé d'Espoir, ce jour béni, tant attendu…

Plusieurs jours avant, papa partait chercher dans ses bois, le plus joli houx avec ces belles feuilles brillantes et ces fruits bien rouges, cela devait pousser comme du chiendent, et chaque année, c'était plus souvent lui qui allait remplacer le sapin.



Papa détestait couper les arbres, il les choyait au contraire, et durant tout l'hiver, partait tous les jours, il avait moins de travail et pouvait ainsi consacrer son temps à cette passion et cet Amour qu'il avait pour ses arbres et ses bois, et la nature. Il partait se ressourcer au milieu d'eux, des fois revenait avec des champignons à la saison, ou bien, avec du bois de cerisiers sauvages, qu'il avait soigné jusqu'à obtenir d'eux ces belles branches dans lesquelles il allait sculpter, avec des burins et gouges, des couverts et des sujets qu'il offrait ensuite les dimanches si cela plaisait à nos invités, pour le plus grand désespoir de maman qui une fois papa parti pour son dernier voyage, me racontait un jour:





" Ton père sculptait de belles choses, les donnait toujours et lorsque je lui disais:

" Mais, et nous"? Il répondait:

" Mais je t'en ferai d'autre".

Et à chaque fois, il recommençait, et maman me disait tristement, il n'a pas eu le temps d'en faire pour nous".

Il ramenait aussi ce bois de chêne, coupait à une certaine lune et qui servirait pour fabriquer des chaises, qu'il empaillerait ensuite au coin du feu durant les longs hivers.

Il fabriquait aussi des paniers et rapportait du bois de ronce qu'il raclerait longuement sur ses genoux pour ensuite faire le tressage sur l'armature des paniers.





Papa concevait également ses chars, mais pour ceux qui en voulaient aussi. J'aimais aller dans l'étable où se trouvait son coin atelier, avec l'immense établi, la scie à ruban sur laquelle il débitait ses planches de chêne, et les piquets de châtaignier, qui passeraient ensuite dans ces autres machines entraînées par des rubans et d'où avec magie, d'un simple bout de bois, papa en sortait des rayons de chars, des pieds de tables Henri II, des barreaux de chaises finement travaillés et tant d'autres créations. Je passais des heures, ainsi à regarder les transformations magnifiques de ces morceaux de bois. Et ces copeaux qui voltigeaient sous les tours ou sous les coups de rabots, et s'entassaient à ses pieds, en tas plus ou moins gros suivant la pièce, je les ramassais et nous les remontions plus tard à la maison pour allumer la cuisinière le matin.




La grange se trouvait isolée du village, c'était la dernière bâtisse, et nous rentrions, à la maison souvent ces soirs d'hiver, dans une nuit noire, à la faible lueur de la lampe à pétrole que papa tenait au bout du bras et dont la faible flamme jaune oscillait au balancement. Quelque fois la lune nous éclairait tellement que nous n'avions besoin de rien, d'autre fois c'était la pluie ou de gros flocons de neige, qui nous accompagnait.

Dans l'étable, pas de chauffage, seulement la douce chaleur qui se dégageait de toutes les bêtes dormant et vivant là, enfermées tout l'hiver au chaud, elles regardaient très souvent dans la direction de papa, il brisait la monotonie de leurs soirées. L'amusant, c'était les chiens de chasse qui dormaient en rond dans leurs mamelles, elles ne disaient rien, le chien berger n'aurait jamais pu se le permettre, elles n'auraient jamais voulu, c'était leur ennemi, et lui, résignait, s'enroulait dans la paille pour y passer la nuit, privé de ce confort.




Il fallait bien sortir de cette douce chaleur, c'était l'heure du repas ou de dormir, et affronter le froid dehors, peu importe quel temps, c'était l'hiver et ses longues soirées…



Pendant ce temps, Noël approchait avec sa magie, même chez nous. Début Décembre, je partais dans les bois, et allais chercher des paquets de mousse, des écorces, des petits cailloux blancs, du bois mort, du jonc, quelquefois je trouvais des nids, tombés à terre, décrochés par les rafales de vent à l'Automne. Je revenais avec mon butin, dans le panier, et commençais à réaliser une magnifique crèche sous les yeux émerveillés de mon petit frère, né justement après Noël, il en porte le prénom.



Ensuite, tous les soirs nous faisions avancer les Rois Mages sur les petits chemins de pierres ou de sable que j'avais fait, ils allaient en direction de l'étoile. Plus ils s'approchaient et plus nos cœurs brûlaient, tellement heureux, Jésus allait arriver, pour nous enfant, il revenait chaque année, c'était dans cette innocence et cette Paix, que nous grandissions paisiblement, papa et maman nous protégeaient, rien ne pouvait nous arriver, c'était ce qu'il nous semblait, et nous étions confiant, il n'y avait rien de compliqué dans nos humbles vies, pas de télé, pas de voiture, pas d'argent.





La veille de Noël arrive enfin, ce soir c'est l'ébullition, l'excitation est à son comble, les Rois Mages sont tout près de l'étable, nous nous préparons, pour aller tous à la messe de minuit, habillés chaudement, galoches du dimanche au pied, cirées de frais, souvent la neige est là, au rendez vous, et nous partons marcher sur son manteau blanc, elle tombe et ses flocons nous empêchent de voir, nous fronçons les yeux pour les éviter, nos pas sont feutrés, on entend juste nos babillages étouffés, la neige absorbe tout, notre chaleur, nos bruits, nous avançons. Progressivement le froid prend le dessus et rend insensibles, nos bouts de doigts tout d'abord, les jambes sont plus raides, le corps se prend, marche comme un robot figé et grippé, les lueurs de Naucelle approchent, et semblent nous ranimer un peu, et nous dire: "courage", le sang veut circuler à nouveau, nous entrons dans la petite ville silencieuse, peu de monde dans les rues, seuls ceux, qui comme nous, arrivent de loin, tous ensemble allons vers l'Église, montons difficilement les escaliers, les membres glacés n'obéissent guère, nous passons le porche, nous dirigeons vers nos endroits où les chaises libres nous attendent. Papa, comme tous les hommes restent au fond, un rituel, nous, nous essayons ensemble de nous réchauffer un peu, à la chaleur de ceux arrivés depuis longtemps.



L'Église ressemble à un soleil, elle rayonne de toutes ses lumières, et réchauffe nos cœurs. Au milieu de ce silence méditatif de l'attente, dans le fond de l'Église, un léger brouhaha, les hommes bavardent, indifférents au lieu et au moment, ils ont tout oublié, le temps et l'heure, même l'endroit où ils se trouvent.

Je crois bien que ce rituel immuable a été sûrement instauré il y a longtemps, par le plus bavard de leur ancêtre, qui un jour a voulu que ces hommes, heureux de se retrouver là, partage et se raconte leur vie, à l'office, à chaque repos que Dieu les oblige à prendre, le Dimanche, seul Jour du Seigneur de la semaine, car il ne veut pas de travail dominical.

Nous n'aurions manqué pour rien au monde cette Messe de Minuit, même s'il était difficile aux hommes comme aux enfants d'y rester éveillé jusqu'au bout, tant elle était longue, et qu'il y a peut être pas beaucoup de différence entr'eux, l'homme n'est il pas toujours un éternel enfant?.....



Les magnifiques chants, "Il est né le Divin Enfant", " Les Anges dans nos campagnes", "Douce Nuit, Sainte Nuit", de leurs ardeurs ferventes, réveillaient par leur force et beauté, toutes ces ouailles à demi endormi ou sur le point d'un long somme, et tous de prendre en route et en chœur ces Saintes mélodies gravées dans nos mémoires que nous fredonnerons même machinalement, le long du chemin de retour, nous en faisant ainsi oublier sa longueur et le froid encore plus vif de l'après minuit.

Nous montons les escaliers de la maison, le cœur et le corps léger, encore imbibés de ces mystères de la maison du Seigneur, papa est arrivé le premier, a tout allumé, remis des bûches dans le feu, dont le tas de braises incandescentes ont répandu cette douce chaleur saine, tellement bonne revigorante et bienvenue, en peu de temps il se ranime, les flammes , bleues, oranges s'élèvent, les étincelles, montent en brassées, le bois pétille et claque, des petites braises sautent et se sauvent du feu, et viennent s'éteindre à nos pieds, et me font penser à des petites danseuses. Nous glissons nos pieds raidis par le froid et douloureux dans nos charentaises restées au chaud dans le coin de l'âtre.



à suivre...


* NDLR : les photos ont été réalisées à l'occasion du reportage : les lumières de Naucelle
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Les articles présentés dans ces archives couvrent 12 ans d'actualité naucelloise. C'est une contribution importante à la mémoire du village aveyronnais de Naucelle.Le contenu - textes et images - a été élaboré par André Bec et moi-même, avec un part prépondérante du premier cité depuis quelques années.

Le systéme dynamique de gestion de contenu, qui avait prévu l'archivage dés l'origine, a été imaginé et créé par mes soins, je l'ai programmé en languages PHP, CSS avec un peu de JavaScript.
Le logiciel a fonctionné sans failles notoires depuis 2005, mais il commençait à dater, notammentau niveau de la sécurité et une mise à jour était nécessaire. Les fonctions dynamiques ont donc été inertés et le contenu rendu accessible grâce à cette archive dont la valeur sera, je pense, de plus en plus apprécié au fil du temps qui passe.

Quant au nouveau naucelle.com,il bénéficie donc de la toute nouvelle version du Chant de l'Alouette (version 6) ,J'ai choisi ce nom car mon systéme est léger et nâtivement francophone. Deux choses assez rares.Cela me prend du temps, mais au moins, même si ce n'est pas le Pérou, j'ai la satisfaction de pouvoir proposer des sites sans dupliquer WordPress and Co

Hubert Plisson
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